Mathieu Thomas : le(s) Je(ux) en valent la chandelle !
Atteint d’un cancer lors de son adolescence et après avoir perdu la mobilité de sa jambe droite, Mathieu Thomas est aujourd’hui champion de parabadminton et conférencier. C'est à ses 30 ans et après plusieurs années à cacher la paralysie de sa cuisse, qu'il décide d’accepter son handicap et de partir à la conquête de son rêve olympique. Depuis cette date, dix années se sont écoulées et Mathieu a sorti sa plus belle plume pour nous raconter son parcours.
Salut Mathieu, tu viens de sortir ton livre intitulé « Rêve de Je(ux) », peux-tu nous en dire un peu plus sur son contenu ?
C’est un jeu de mots entre mon rêve paralympique et mon accomplissement personnel. Ce livre-témoignage est découpé en trois grandes phases où je retrace l’ensemble de mon parcours.
Comment t’es venu l’idée d’écrire cette autobiographie ?
À l’origine, j’ai commencé à écrire ce livre parce que j’avais besoin d’expliquer à mes enfants pourquoi je n’étais pas présent au quotidien. C’était aussi le moyen idéal de leur expliquer par quelles étapes je suis passé tout au long de ma vie. Ce livre est également la continuité des différentes thématiques abordées lors de mes conférences. Écrire ce livre a été une véritable thérapie !
Ton handicap a été durant une longue période de ta vie un frein. Aujourd’hui, celui-ci est devenu l’une de tes plus grandes forces, comment expliques-tu ce changement ?
Nous ne sommes jamais préparés au handicap. Le changement d’état est très brutal et difficile à vivre. Le handicap est perçu comme un retrait de quelque chose alors qu’au contraire, il représente une opportunité de découvrir d’autres parties de soi-même. Le handicap n’arrive jamais pour rien ! J’ai arrêté de voir le handicap comme un boulet au bout de mon pied dès lors que je me suis lancé le défi de participer aux Jeux paralympiques. Plus jeune, je n’aurai jamais imaginé devenir un athlète de haut niveau et mon handicap m’a finalement offert cette opportunité. Après de nombreuses années, j’ai compris qu’avant de rêver, il faut savoir s’accepter !
Il y a tout juste un mois, tu es devenu l’ambassadeur « Handicap et inclusion » de la marque Mango, comment s’est déroulé cet acheminement ?
Mango était la recherche d’une personne pour parler du handicap et du handicap invisible auprès de ses équipes afin de libérer la parole. Grâce à la plateforme Xperience Sport, j’ai saisi cette belle opportunité et aujourd’hui je suis très fier et ravi de pourvoir intervenir via différentes interventions au sein de la marque Mango. J’espère donc pouvoir créer des déclics chez certaines personnes.
Ces deux interventions auprès des équipes de Mango ont permis de libérer la parole, quel regard portes-tu ce type d’intervention encore trop peu fréquentes dans le monde du travail ?
Aujourd’hui, encore trop peu d’entreprises arrivent à faire la passerelle entre le monde du sport et celui du travail. Par le passé, lorsque j’étais encore ingénieur, j’étais moi-même hermétique à toutes ces thématiques alors que j’étais pourtant en situation de handicap. Il faut donc insister et continuer de sensibiliser. C’est un travail de longue haleine ! Personnellement, à 17 ans, j’aurai tellement aimé rencontrer des sportifs handicapés pour qu’ils me montrent qu’il est possible de réaliser de grands exploits malgré une situation de handicap.
Au quotidien, comment gères-tu ta vie d’athlète de haut niveau et ton rôle de conférencier ?
D’un côté, mon entraîneur estime que je suis conférencier ; et d’un autre côté, mon agent-conférencier trouve que je m’entraîne trop (rire) ! Plus sérieusement, j’essaye de trouver le bon équilibre entre ces deux projets tout en accordant du temps à ma famille.
En 2021, tu es passé tout proche des Jeux paralympiques de Tokyo, est-ce la plus grande déception de ta carrière ? Cet échec a-t-il été une force pour rebondir pour Paris 2024 ?
Bien entendu ! Sur le coup, ça fait très mal ! Néanmoins, cet échec m’a servi de leçon pour atteindre un événement encore plus grand, en l’occurrence les Jeux paralympiques de 2024.
Le 16 mai prochain, nous saurons enfin si tu es sélectionné pour participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024, comment vis-tu cette attente ?
L’attente est interminable ! Plus la date butoir se rapproche, plus la pression monte. Je vais être en plein flip jusqu’à l’annonce de la décision (rire) !
Les Jeux paralympiques de Paris seront ta dernière compétition internationale ?
Non, il y aura d’autres compétitions en 2024 et j’ai très envie de continuer à faire du badminton. J’ai encore des choses à me prouver et pourquoi pas imaginer une participation aux Jeux de Los Angeles en 2028 !