Thibaut Baronian part à la découverte de l'ultra-trail !
Lors de sa course de rentrée, le 10 mars dernier, Thibaut Baronian s’est imposé sur les 39 kilomètres du Trail Cap de Creus en Espagne. Fidèle habitué au top 5 des plus grandes courses sur format court, ce traileur français d’exception et ancien skieur a fait le choix de basculer sur le format de l’ultra-trail avec en ligne de mire l’UTMB fin août.
Bonjour Thibault, tu as commencé ta carrière de sportif par le ski et notamment le ski de fond avec une participation au Festival olympique de la jeunesse européenne, peux-tu nous en dire plus ?
J’ai découvert le ski de fond à l’école primaire, puis j’ai intégré le Comité du Mont-Blanc au collège. J’ai enchaîné par la suite les courses au niveau départemental et régional avant de participer aux coupes de France et d’Europe. Après le BAC, j’ai fait le choix d’arrêter le ski pour me consacrer à mes études en kinésithérapie.
Tu t’es donc orienté vers des études de kinésithérapeute, était-ce une vocation ?
Durant mes trois années de lycée au Pôle Espoir, j’ai connu quelques blessures. Pendant cette période, je me rendais donc régulièrement chez le kiné. C’est lui qui m’a réellement donné l’envie de m’orienter vers cette voie.
À quel âge as-tu découvert le trail ?
Durant mes années de skieur, je chaussais déjà beaucoup les chaussures de course à pied. A l’époque, le trail n’était pas encore codifié. C’est seulement quand je suis arrivé à Besançon, lors de ma première année de médecine que j’ai vraiment commencé à pratiquer la course de manière régulière Ce n’était pas du tout programmé !
Tu fais partie du Team Salomon depuis plus de dix ans maintenant, comment s’est déroulée ton arrivée au sein de la marque ? Quel est ton regard sur l’évolution du team et de la marque ?
En septembre 2011, après un beau Marathon du Mont-Blanc et ma première place dans la catégorie Espoir, j’ai été sélectionné pour faire partie du premier Team Espoir Salomon. Petit à petit, j’ai gravi les échelons et aujourd’hui Salomon est mon partenaire principal. Dorénavant, je suis beaucoup plus intégré pour tout ce qui concerne le développement des produits et je bénéficie d’un réel soutien financier et médiatique. Chez Salomon, nous avons une vraie cohésion d’équipe avec des coureurs qui sont présents au sein du Team depuis de nombreuses années.
Tu as remporté en mars 2023 ton premier titre de Champion de France de trail court, comment as-tu vécu ce succès à l’échelle nationale ?
Je n’ai jamais couru après ce titre. Les années précédentes, les Championnats de France de trail ne connaissaient pas un fort engouement. Cependant, en 2023, le niveau était beaucoup plus relevé avec une médiatisation beaucoup plus importante. A 34 ans et après plus de 13 années sur le circuit, j’avais envie de marquer les esprits en remportant la couronne nationale.
Quelques mois plus tard, en juin 2023, tu as terminé au pied du podium sur les Championnats du monde de trail court, comment as-tu vécu cette course ? Est-ce une frustration d’être passé à côté de la médaille ou un aboutissement de faire partie du Top 5 mondial ?
Ce n’est absolument pas une frustration ! Sur ces Championnats du monde, le niveau était très dense avec très peu d’absences. Ce fût une grosse bataille ! Je me suis battu tout le long de la course pour monter sur le podium mais je suis tombé sur plus fort que moi. Le parcours était plutôt roulant et pas forcément très technique, ce qui ne m’a pas avantagé. J’ai quand même vécu un super week-end avec une médaille remportée lors de la course par équipes.
Pour cette saison 2024, tu as fait le choix de passer sur le format de l’ultra-trail, pour quelles raisons ?
Après six années sur le circuit de la Golden Trail Series, je pense en avoir fait le tour. J’ai besoin de sortir de ma zone de confort, de découvrir de nouvelles courses et de m’entraîner différemment.
Pour ta course de rentrée, tu as remporté les 39 km du Trail du Cap de Creus, quelles ont été tes sensations ? Est-ce de bon augure pour la suite de la saison ?
Après un gros mois de préparation, j’ai plutôt eu de bonnes sensations sur cette course. J’ai retrouvé mon rythme et mes repères sur plus de 3 heures d’effort. C’était une suite logique après un bloc de deux semaines dans le sud de la France.
Fin août, tu vas découvrir le plus grand format de l’UTMB, comment appréhendes-tu cette course mythique ? Quelles sont tes ambitions ?
J’essaye de ne pas trop y penser pour éviter toute pression supplémentaire. J’ai pour objectif de réaliser une course comme j’aime les courir, sans pour autant me fixer de résultat précis. Cette première expérience me servira essentiellement de prise de repères pour les futures éditions.
A la fin du mois de juin, nous aurons le plaisir de te retrouver sur le format des 90km du marathon du Mont Blanc. Cette course sera-t-elle une sorte de répétition générale avant l’UTMB ?
C’est une répétition courte sur 12h ou 13h d’effort. J’aborderais cette course avec une préparation ciblée pour l’UTMB. En juin, j’espère déjà pouvoir être prêt à faire plus de 90 kilomètres.
Tu ne seras donc pas au départ du Trail de la Drôme le 7 avril prochain pour défendre ton titre de Champion de France de trail court, est-ce une déception ?
Bien entendu, j’aurai aimé défendre mon maillot mais il a fallu faire des choix. Cette année, j’ai pris la décision de me focaliser sur l’UTMB en me donnant toutes les chances de bien le préparer. Toutes les conditions n’étaient pas au beau fixe pour remettre mon titre en jeu. J'essaierai d’être présent sur les Championnats de France de Trail en 2025.
Le sport de haut niveau est fait de hauts et de bas. Comment arrives-tu à gérer les moments les plus délicats ?
Je tente de relativiser au maximum et de changer d’environnement quand je connais une période un peu plus délicate. Il faut savoir faire preuve de patience et se dire que les bons moments vont vite revenir. Quand je suis moins bien personnellement et sportivement, je sais également que je peux compter sur le soutien de mes proches.
Que fais-tu quand tu ne dévales pas les sentiers de la montagne ?
Actuellement, je m’accorde beaucoup plus de temps pour moi. Auparavant, la double casquette athlète/kiné ne me le permettait pas, tout devait être bien calé pour optimiser mon temps au maximum. Aujourd’hui, je dédie l’intégralité de mon temps à la pratique du haut niveau et tous ses à-côtés : la récupération, la gestion des partenariats et de la communication. J’essaye également de profiter des moments simples de la vie en bouquinant ou encore en cuisinant.
Quel type de format apprécies-tu le plus lors de tes séances d’entraînement ?
J’apprécie tout particulièrement le travail de fractionné, mais ce que je préfère par-dessus tout, c’est bien évidemment passer du temps en montagne.
Au fil des années, as-tu créé de réels liens d’amitiés avec des personnes évoluant dans le sport de haut niveau ?
Depuis mes débuts, j’ai tissé des liens assez forts avec certains athlètes ou avec des personnes gravitant autour du monde du sport. En compétition ou à l’entraînement, j’ai toujours couru pour partager des moments de vie avec d’autres sportifs.
Enfin, entre le Thibaut Baronian des débuts et celui de maintenant, lequel est le plus fort selon toi ?
La force de la jeunesse reste hyper importante ! Aujourd’hui, à 35 ans, je me permets moins d’écarts (rires). Néanmoins, toutes ces années d’expérience m’ont permis de gagner en constance et en régularité.